La révolution dans le transport est bien enclenchée, mais elle est loin d’être achevée. Nous
voyons l’arrivée de nouvelles technologies, des avancées scientifiques et des changements de
paradigmes qui bouleversent l’industrie du transport.
Le North American Council for Freight Efficiency (NACFE) qualifie la période actuelle de « Messy
Middle », ou « zone floue intermédiaire ». C’est une période où l’avenir du transport est
particulièrement incertain et imprévisible. Hydrogène, électrification, gaz naturel ou même
nucléaire – quelle sera la technologie dominante de demain, et comment le transport se fera-t-il
dans 30 ans ?
L’adoption de nouvelles technologies amène son lot de transformations et de questionnements
quant à leur pérennité. Un exemple frappant est notre façon de consommer des contenus
télévisuels. Dans les années 1980, le choix se limitait aux cassettes VHS et Beta, dont l’une a
fini par dominer temporairement le marché. Mais ensuite, ce fut le tour du CD, du DVD, puis du
Blu-ray de prendre le relais. Aujourd’hui, en 2024, le streaming a pris le dessus. Personnellement, je n’ai plus de lecteur DVD ou Blu-ray à la maison ; je me contente d’une
antenne pour capter les chaînes locales.
C’est un peu cette même incertitude que NACFE entrevoit dans la transition énergétique. Selon
leurs prévisions, le choix de la technologie dominante pourrait rester flou jusqu’en 2050. Chez
AttriX énergies, nous croyons fermement dans une approche de flotte multi-énergétique : le bon
véhicule pour le bon usage. Mais qui sait ? Peut-être que nous nous téléporterons d’ici là !
Le « Messy Middle » est une étape incontournable. Il est essentiel de tester de nouvelles
technologies pour en comprendre les forces, les faiblesses et les opportunités. Chaque
innovation doit prouver sa valeur dans des conditions réelles pour révéler ses véritables limites,
souvent invisibles lors de la conception ou sur papier.
L’innovation est une démarche complexe. Imaginer une technologie pour remplacer une autre
s’accompagne de présupposés basés sur les paradigmes existants. Cependant, les véritables
défis et solutions émergent lorsqu’une technologie est intégrée aux opérations quotidiennes,
nous renvoyant parfois à la planche à dessin. Parfois, ces nouveaux paradigmes ouvrent la voie
à des solutions inédites et orientent la transition dans des directions que nous n’aurions jamais
envisagées.
Le principal défi du « Messy Middle » réside dans l’incertitude qu’il apporte. Les entreprises sont
invitées à investir massivement dans des technologies encore immatures, qui pourraient ne pas
être les solutions finales. Cela inclut des investissements majeurs dans les infrastructures et
l’acquisition d’équipements coûteux, qui ne répondent parfois qu’à une partie de leurs besoins
pour assurer leur pérennité.
Pour surmonter cet obstacle, il est crucial de convaincre les entreprises de s’engager. Sans
cela, aucun progrès ne serait possible et les opportunités resteront inexplorées. C’est là que les
programmes de subventions, comme le programme Éco-Camionnage ou le Programme de
transport écoénergétique des marchandises, jouent un rôle clé. Le soutien gouvernemental est
essentiel pour réduire les risques pris par les entreprises dans l’adoption de ces technologies
émergentes, en facilitant les essais et l’expérimentation. Par ailleurs, des investissements dans
des projets gouvernementaux contribuent à aplanir le terrain pour les transporteurs en éliminant
les obstacles qui pourraient freiner l’initiative.
Nous vivons actuellement la plus grande révolution dans le domaine du transport. Que ce soit
pour le transport de personnes, de marchandises, ou pour nos déplacements personnels,
chaque aspect est impacté. Il est impératif d’agir pour préserver notre planète et réduire notre
empreinte carbone. Mais cette transition n’en est qu’à ses débuts et est loin d’être achevée. Les
grandes entreprises doivent jouer un rôle moteur pour que l’industrie puisse s’adapter et
prospérer.
Mon conseil est de rester informé. Plusieurs projets sont déjà en cours, comme le projet du
corridor décarboné de Nationex, où nous partageons des données sur l’utilisation de véhicules
100 % électriques entre Québec et Montréal pour les deux prochaines années.
Avancez prudemment, faites de petits pas sans vous précipiter. Attention au “tant qu’à y être”
lorsqu’il est question de l’installation des infrastructures. Les technologies évoluent à une
vitesse incroyable, difficile à suivre, même pour les experts du secteur. Il est plus judicieux
d’embarquer dans le train quand il prend de la vitesse plutôt que lorsqu’il est déjà à pleine
allure.
Pour l’instant, la pression d’adopter une transition énergétique dans le transport lourd n’est pas
encore très forte. On entend parler d’échéances pour les véhicules particuliers en 2035, et les
autobus scolaires au Québec sont déjà visés par une obligation de conversion à l’électrique
depuis octobre 2021. La pression sera bientôt similaire pour les autres types de transport.
Cependant, la plus forte incitation viendra des clients, qui cherchent à améliorer leur empreinte
environnementale. Après avoir mis en place des mesures internes, ils se tourneront vers leurs
fournisseurs en leur demandant un plan d’action. À mon avis, cette pression sera la plus forte et
la plus efficace. Il vaut donc mieux s’y préparer dès maintenant pour assurer la pérennité de
l’entreprise.